Arnaud Agnel, l’ambition d’une histoire
Arnaud Agnel est un acteur français qui inscrit petit à petit son nom dans l’histoire du théâtre. Ayant le souci «d’apporter de belles choses aux gens tout en essayant de les tirer vers le haut», le 26 septembre 2020, il sera à Saint-Martin-de-Crau pour son spectacle intitulé Je ne me sens bien, au fond, que dans des lieux où je ne suis pas à ma place. Le dynamisme, la détermination, la tolérance, l’humilité, le sens de l’humour et l’ouverture d’esprit de l’acteur donnent envie de découvrir la personne qui se cache derrière l’artiste.
Lysette-André : Bonjour Arnaud Agnel. Merci de nous accordez de votre temps. Qui est Arnaud Agnel ?
Arnaud Agnel : Bonjour.Merci à vous aussi, pour l’intérêt à ma modeste personne ! Arnaud Agnel, qui est-il ? Déjà, sait-on qui on est vraiment ? Je définis ma « personne » comme un acteur de théâtre, originaire du Sud de la France, qui fait principalement du théâtre et qui est aussi intéressé par le cinéma et la télévision. De plus, c’est un acteur qui espère continuer à se faire connaîtreafindepouvoir travailler davantage sur des projets qui intéresseraient davantage de monde.
Vous insistez sur le mot acteur, alors que vous dites ne faire principalement du théâtre. Finalement, êtes-vous un acteur ou un comédien ? Et, selon vous, quelle différence y a-t-il entre un acteur et un comédien ?
Cette différence entre acteur et comédien, c’est une différence que je n’ai jamais réussie à bien expliquer. Chacun voit ce qu’il veut derrière ces mots. Pour certains, le comédien est l’homme de théâtre et pour d’autres, l’acteur est plus l’homme de télévision, de cinéma. Personnellement, j’aime bien dire que je suis acteur tout court. Acteur de théâtre, pourrait-on dire. Ce qui me plaît, dans le fait d’être acteur, c’est le verbe acter, agir. Cela me plaît de me présenter comme quelqu’un qui accomplit une action, qui est actif. Je me définis plus comme acteur que comédien. Mais, en soi, l’un ou l’autre me conviennent très bien.
Vous êtes passé par le Conservatoire de Lyon, puis l’École Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique (ESPAD) de Lille. Pourquoi ce parcours ? Pourécrire son nom, dans le livre des acteurs, comédiens français ?
J’ai fait ce choix de parcours parce que les acteurs de cinéma, qui m’ont donné envie de faire ce métier, ont pour la plupart suivides formations de théâtre. Je considère que c’est un métier qui s’apprend, qui nécessite une certaine technique. Je pense que pour le faire de la meilleure manière possible, il faut avoir ce bagage technique. Ainsi, passer par une école nationale de théâtre, dans laquelle on est enfermé pendant trois ou quatre ans pour travailler tout le temps, sur le jeu d’acteur, la mise en scène ; me paraissait être une chance pour entrer dans cette vie professionnelle. Cela dit, tous les acteurs ne passent pas par ces écoles. Mais pour moi, cela a été une vraie volonté,ce passagepar une école de théâtre.
Pour la deuxième partie de votre question, j’ai choisi ce métier parce qu’en y réfléchissant, quand j’avais 15 ans, je n’avais pas trouvé d’équivalent qui me permettrait d’être aussi épanoui dans ma vie et de me sentir aussi utile parmi mes contemporains. Pour ma part, le métier d’acteur est indispensable à la vie au même titre que l’architecture, la médecine, la plomberie, etc. Et comme ces métiers, il doit s’apprendre. La scène est un endroit qui me fascine, où je me sens vivant auprès de mes contemporains. Par mon travail et mon expertise, j’ai pensé que je pourrais leur apporter (mes contemporains)quelque chose qui changera, je l’espère, positivement leur vie. Une chose est sûre ; pour faire ce métier au mieux, il faut beaucoup d’amour, beaucoup de travail.
Si aujourd’hui, l’acteur né à la clinique Jeanne d’Arc d’Arles tient ce discours, c’est parce qu’il a aussi été influencé par des acteurs comme Liam Neeson, Al Pacino, Ralph Fiennes, Jean-Paul Belmondo, Daniel Sorano, Kenneth Branagh, Philippe Caubère, Jean Piat, pour ne citer que ceux-là. Cela dit, àvotre sortie de l’École Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique de Lille, en 2012, avez-vous eu des difficultés à intégrer le monde du spectacle, théâtre, cinéma…
Non ! J’ai tout de suite eu la chance d’être embauché sur un spectacle. Ensuite,début 2013, j’ai été recruté par le metteur en scène avec lequel je travaille le plus, Thomas Visonneau. Et pourtant on ne se connaissait pas !Il m’avait simplement vu jouer quand j’étais encore à l’école. Voilà comment nous avions commencé à travailler. De là est née une amitié, une fidélité professionnelle et depuis je travaille avec lui. Cette rencontre a été une vraie chance. Par contre, à la télévision et au cinéma, cela a été un tout petit peu pluschaotique et je considère que ça l’est toujours. Je n’y ai fait que des petites choses. Du coup, cela ne me permet pas encore de me considérer comme un acteur de télévision ou de cinéma. Je pense être un acteur en devenir. La seule vraie expérience que j’ai eue au niveau de la télévision remonte à deux ans, quand j’ai tourné dans le film Brûlez Molière où pour la première fois j’ai eu un rôle important.
Dans votre propos, vous faites la distinction entre la télévision et le cinéma. Quelle différence … entre les deux ?
La différence est surtout économique. Et, de fait, dans la manière de réaliser. Les enjeux financiers du cinéma dépassent de loin la télévision. Au cinéma, il y a plus d’argent. Chaque scène est travaillée en profondeur,doncrésultat final plus attrayant. Du fait de son économie, on prend plus de tempspourpeaufiner.Je ne dis pas, pour autant, que la télévision bâcle le travail !
Quelle est votre plus belle réalisation ? Même si cela se justifie difficilement.
Pas facile d’en donner juste une seule. Toutefois, il y a une production qui me tient particulièrement à cœur. Il s’agit du spectacle que j’ai créé en septembre 2019 au théâtre d’Arles et qui s’appelle Je ne me sens bien, au fond, que dans des lieux où je ne suis pas à ma place. A mes yeux, elle est la plus belle parce que c’est une réalisation que j’ai menée du début à la fin sans beaucoup d’aide. C’est un texte que j’ai adapté pour la scène. J’ai eu la chance d’avoir en voix off Philippe Caubère, qui est un monument du théâtre. J’ai rempli un théâtre de trois cents (300) places sans grandecommunication. Et, ce soir là, pour la première, à la fin du spectacle, chose que je n’avais jamais vue et qui a été magique, le public entiers’est levé d’un bloc dès le premier salut. Je ne tire aucune gloire de tout ça, mais c’est vrai que le fait de l’avoir réalisé tout seul, sans oublier l’aide de ma régisseuse Elise et de mon entourage proche, a été quelque chose de formidable. Je n’aime pas dire la phrase qui va suivre à cause de sa connotation vaniteuse, mais je vous avoue que oui, c’est la réalisation dont je suis le plus fier !
Et si vous nous parliez de Jacques Malaterre, réalisateur du film Brûlez Molière ?
Jacques, c’est une chance dans ma vie. Il aime à dire une phrase que je lui ai piquée : « Le hasard n’existe pas. Il n’est que la volonté des dieux qui ont souhaité garder l’anonymat ». Et Jacques, c’est ça. Un hasard, qui n’existe pas. C’est quelqu’un qui compte énormément dans ma vie professionnelle, dans ma vie d’acteur et dans ma vie d’homme. C’est quelqu’un qui m’a toujours fait confiance. C’est quelqu’un de bienveillant qui me permet de m’épanouir dans mon travail. Et que j’aime énormément. Jacques est un peu à la télévision ce que Thomas Visonneau est avec moi au théâtre.
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
Pour l’instant, les projets se résument à tourner les spectacles existants. J’ai quelques dates avec le spectacle. Notamment Je ne me sens bien, au fond, que dans des lieux où je ne suis pas à ma place. J’en ai quelques-unes avec Thomas pour Le tour de théâtre en 80 minutes … Après, je laisse des plages vides à la vie pour qu’elle mette sur mon chemin des choses que je n’imagine pas encore et qui arriveront nécessairement. J’ai appris à comprendre que dans ce métier, il ne faut rien figer et se laisser de la souplesse pour des surprises.
Quel conseil aux personnes qui souhaitent devenir acteurs, la Arnaud Agnel TOUCH ?
La Arnaud Agnel TOUCH ? Vivre pleinement. C’est un peu simple comme conseil, mais je le revendique. N’écouter personne. N’écouter que la flamme qu’on a en soi. Ce qui fait qu’on m’identifie parmi plein d’acteurs, c’est que j’ai des convictions profondes, et que je fais en sorte d’aller à fond, toujours, dans ces convictions, tout le temps. Je crois au respect, je crois à la tolérance et je crois énormément au travail. Si on a envie de faire quelque chose, il faut se lancer car c’est ainsi que l’on arrive à être « heureux ». Je pense que la réussite, ce n’est pas le succès ou l’argent ou le confort. Réussir dans la vie, c’est être en adéquation avec ses idées, ses envies et surtout parvenirà être le plus serein possible. Il faut avoir son identité propre, et le meilleur moyen de l’avoir, c’est en restant soi-même, en ne se trahissant pas.
Un dernier mot aux lecteurs ?
Merci de m’avoir lu, merci de m’avoir découvert. Peut-être qu’on se croisera un jour dans la vie. Si tel est le cas, n’hésitez pas à venir vous présenter. Je serai heureux de vous rencontrer. Je ne connais pas vos vies, mais je vous les souhaite belles, longues, heureuses et épanouies. Je vais finir en vous disant ce dicton qui m’accompagne : « Visez toujours la lune. Au moins si vous échouez, vous atterrirez sur les étoiles ». C’était un plaisir de me confier à vous et de vous permettre de me connaître un peu mieux. A très bientôt j’espère.
Arnaud Agnel, merci encore et bonne continuation à vous. Et comme nous aimons le dire, n’oubliez pas que chaque jour est une occasion pour devenir meilleur.
Lysette-André