«Tafé Fanga ? Le Pouvoir du pagne ?», le texte de Jeanne Diama s’invite au festival Zébrures d’Automne
Tafé Fanga ? Le Pouvoir du pagne ? une pièce de théâtre sensible et réelle qui a interpelé les spectateurs Limougeauds le jeudi 22 et le vendredi 23 septembre 2022. C’est au centre culturel Jean-Gagnant que le public a été transporté par les comédiennes Jeanne Diama, Awa Diassana, Niaka Sacko et Tata Tassala Bamouni
Tafé Fanga? En bambara, le Pouvoir du pagne? En français est un spectacle qui dénonce les maux dont sont victimes les femmes au Mali, en Afrique et dans le monde entier. Il s’agit d’un texte engagé et ambitieux qui présente le reflet de la société qui va mal et qui cache ses faiblesses. Alors, Tafé Fanga ? met en lumière les conditions de la femme, les pressions faites aux femmes, le sexisme… ces maux qui déstabilisent la femme.
De plus, Ella, protagoniste, une jeune femme qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Ella questionne la société malienne sur la place de la femme. Ainsi, elle invite les femmes à prendre conscience de leur responsabilité, de briser le silence et refuser de tout accepter…
Jeanne Diama
Autrice, comédienne et metteuse en scène, Jeanne Diama est l’autrice du texte Tafé Fanga ? Le Pouvoir du pagne? « Un texte qui par ma voix donne la parole aux femmes du Mali pour parler de nos vécus, des oppressions que l’on peut subir tous les jours dans la société, dans nos familles, sur nos lieux de travail. C’est aussi un texte qui nous aide à nous interroger sur notre sexualité », affirme Jeanne Diama.
Jeanne Diama a été accueillie en résidence à la Maison des auteurs des Francophonies – Des écritures à la scène, dans le cadre du programme Découvertes et ce texte a été mis en lecture lors des Zébrures du printemps 2021.
Jeanne Diama travaille actuellement sur un nouveau texte, qui aborde aussi un sujet hypersensible : Mon Djihad
Assitan Tangara
Metteuse en scène, comédienne et conteuse, Assitan Tangara s’est occupée de la mise en scène du texte Tafé Fanga ? Le Pouvoir du pagne ? « En fait, j’ai souhaité faire la mise en scène de ce texte dès le début de l’écriture, je me suis retrouvée dedans. Il n’y a pas de distance entre l’être et le texte», affirme la metteuse en scène.
Pour elle, monter cette pièce était plus qu’une mission, car elle veut informer le plus grand nombre de femmes sur ce qu’elle a traversé. La femme ne doit pas dire oui à tout. D’ailleurs, Jeanne Diama lui a confié qu’elle avait écrit ce texte pour elle. C’est avec dévouement qu’elle a réalisé cette mise en scène.
Distribution
- Texte Jeanne Diama
- Mise en scène Assistan Tangara
- Avec Jeanne Diama, Awa Diassana, Niaka Sacko, Tata Tassala Bamouni
- Scénographie Patrick Janvier
- Chorégraphie Djibril Ouattara
- Son et lumière Gaoussou Lamine Diallo
- Admnistrateur Yacouba Coulibaly
Le spectacle s’ouvre sur deux femmes immobiles. L’une porte une courte robe blanche et l’autre un pantalon noir accompagné d’un tee-shirt bleu…
Quelques minutes plus tard, portant une robe jaune en tissu Bazin, une comédienne part du fond de la salle en chantant pour se retrouver sur la scène. Sa voix! Une voix qui raisonne, un rythme qui réveille…
Puis une autre comédienne, portant un boubou vert en tissu bazin les rejoint. Quatre sur scène, au regard de leur style vestimentaire, deux femmes pourraient représenter le modernisme et les deux autres la tradition. D’ailleurs, Ella reçoit des remarques sur son âge qui avance, sur ses tenues trop courtes, sans oublier son maquillage trop prononcé.
Se marier, ce n’est pas gagner la guerre, mais c’est un combat perpétuel.
Jeanne Diama
La souffrance masquée
Plus loin, la comédienne arborant le boubou Bazin vert, qui conseillait Ella sur l’importance du mariage fond en larme, car en réalité elle n’est pas heureuse dans son foyer… Faux sourires, faux bonheurs et fausses ambitions se cachent derrière plusieurs mariages… Elle se rend compte que le mariage n’est pas une fin en soi.
La femme doit prendre des décisions
La comédienne en tee-shirt bleu bâillonne son visage avec une ficelle blanche. Cependant, comme l’objectif est aussi d’inviter les femmes à briser le silence, avec ferveur et rage, la comédienne qui porte la robe jaune détache cette ficelle. La femme a droit à la parole. La femme doit être libre…
Briser le silence. Plus jamais laisser faire, jamais!
Jeanne Diama
Le wax n’est pas un tissu africain
La présence des tissus traditionnels du Mali, tel que le Bogolan, vient rappeler que l’Afrique a ses propres tissus et que le Wax est loin d’être un tissu africain.
Un décor parlant
Le décor fait référence à la société malienne, une grande cour familiale en plein Bamako. L’occupation scénique et l’expression faciale captivent, transportent les spectateurs. Même sans avoir la traduction des passages en bambara, grâce aux émotions des comédiennes, le public suit, comprend le sens du message, la profondeur du spectacle. Il faut dire que le théâtre brise les frontières, car les émotions sont universelles.
La démarche artistique suivie veut donner à réfléchir aux hommes, mais aussi aux femmes afin que de meilleures conditions soient mises en place pour donner vie à la voix de la femme dans la société
Les Zébrures d’Automne 2022
Le Festival des créations théâtrales se poursuit jusqu’au 01 octobre 2022. Quelques spectacles à voir : Martine à la plage, La Cargaison, Tout dépend du nombre de vaches, Mon Éli, Vavangaz Ti Katorz, Moi Chien créole, Chambre avec vieux, L’amour telle une cathédrale ensevelie…
Pour plus de précisions, rendez-vous sur https://www.lesfrancophonies.fr/
Lysette-André